« Tu sais, il paraît que… »
C’est souvent par cette phrase, cette « rumeur » que commence une bombe silencieuse au sein d’une entreprise. Cette histoire, je dois vous la raconter. Car au fond, elle est peut-être aussi la vôtre !
Une immersion révélatrice
À chaque mission, avant de proposer des solutions ou de repenser des organisations, je commence par m’immerger. Je vais dans les points de vente, les agences, je parle avec les équipes. L’objectif ? Ressentir la culture de l’entreprise et son organisation telle qu’elle se vit réellement, pas celle qui est affichée dans les chartes, mais celle qui s’exprime dans les couloirs, les pauses cafés, les regards.
Et bien souvent, au fil des échanges, je repère un phénomène récurrent : pour un même événement — que je connais bien — les versions divergent, les interprétations s’emballent, et les faits sont largement transformés.
À un moment, ça devient clair : la rumeur a pris le pouvoir.
Alors je pose la question : “Il paraît que…” D’accord, mais c’est qui “il” ?
Le jeu qui fait tomber les masques
Pour faire réagir les équipes, j’ai organisé une réunion. Pas une réunion classique avec slides et chiffres, non un jeu. Vous le connaissez sûrement : celui du téléphone arabe.
J’ai isolé trois collaborateurs. J’ai lu un message très simple à un premier collègue, devant tout le monde. Puis, un par un, les autres entrent et se transmettent l’information… selon ce qu’ils ont retenu. Et vous devinez la suite : au dernier passage, le message n’a plus rien à voir avec l’original.
Ce jour-là, tout le monde a ri. Puis tout le monde s’est tu.
Un silence gêné. Et cette phrase, qui a fait mouche : “Mais… c’est exactement ce qui se passe ici.”
La rumeur, ce parasite invisible
La rumeur est rapide, invisible et terriblement efficace.
Elle circule sans canal officiel, sans validation, sans responsabilité. Et pourtant, elle a un impact concret :
- Elle génère du stress chez les équipes, qui s’inquiètent pour l’avenir sans avoir d’éléments tangibles.
- Elle alimente la méfiance, surtout envers l’encadrement ou les décisions venues « d’en haut ».
- Elle fragilise la cohésion, créant des clans, des malentendus, des frustrations silencieuses.
Mais surtout, elle remplit un vide. Un vide laissé par une communication interne trop rare, trop floue, trop descendante. Quand on ne sait pas, on imagine. Et ce qu’on imagine est souvent pire que la réalité.
De la prise de conscience à l’action
Ce petit jeu, aussi simple soit-il, a été un déclencheur.
Il a permis de faire émerger une vérité souvent étouffée : la rumeur comble un besoin d’information, de clarté, de transparence. Alors on a parlé. Vraiment, on a ouvert les vannes, posé les mots, partagé les ressentis. Et surtout, on a décidé de mettre en place des rituels d’information, réguliers, compréhensibles, accessibles à tous.
📌 Parce qu’on ne combat pas une rumeur avec un démenti.
On la combat avec de la confiance. Et la confiance, ça se construit, jour après jour, réunion après réunion, mot après mot.
La rumeur n’a pas de badge. Mais elle est peut-être assise à côté de vous.
À vous de décider si elle continue de travailler… ou si vous reprenez la main.
